Une chicane familiale à Plusquellec.
Le 20 avril 1716, lundi de Quasimodo,
Louis Bercot, 63 ans du village du Corvé en Duault et René Tanguy, 50 ans du
village de Hirbridou en Carnoët, viennent sur les lieux estimer le préjudice
et fixer le dédommagement. Après cet arrangement amiable, tous quatre vont
jusqu'au bourg boire une chopine chez Marie Ropers, en compagnie de François Guénégou
et Yves Le Foll. Ceux-ci ne se font pas faute de morigéner les deux cousins :
"Ils devraient avoir honte comme proches parents d'une telle chicane."
Jacques Foll se laisse convaincre,
Pierre Guézennec accepte les conditions ; il paiera une ferme annuelle de 45
livres jusqu'en 1721. L'accord verbal en présence de témoins suffit, il n'est
pas nécessaire de passer devant un notaire, la somme n'excédant pas les 100
livres.
Au
cours de la discussion, une objection a été soulevée. Marie Quénec'hdu, à
qui appartiennent les biens, ne risque-t-elle pas de dénoncer l'accord? Il
revient au mari, rétorque Jacques Foll, de gérer les héritages de sa femme.
Marie
Quénec'hdu n'est pas de cet avis. "On a surpris, dira-t-elle, son mari
dans le vin." Le 27 avril, le couple arrive de Guernanfouler en Carnoët où
il habite, avec une charrette de meubles et chasse les bestiaux de leur cousin
hors des terres du village de Rumoyec. Mais impossible d'ouvrir la porte de la
maison avec leur clé : un morceau de bois obstrue le trou de la serrure. Ils
entrent de force.
Pierre
Guézennec les assigne dans un exploit en la Juridiction de Coatleau puisque
Jacques Foll ne s"est pas dédit dans les 24 heures; il justifie son
revirement par l'opposition de sa femme, " une pauvre raison à déduire
puisque suivant les articles 424, 428 et 429 de la Coutume et les arrêts de règlements,
le mari est administrateur du bien de sa femme et le maître du revenu de ses
droits et immeubles à raison de leur communauté, à joindre que les prétextes
dudit Foll ne sont fondés que sur légèreté et inconstance mêlée de
beaucoup de dol personnel, puisque si son trouble avait eu lieu, il aurait causé
audit Guézennec une dépense de 4 livres et 6 sols qu'il fit de la convention
de la ferme."
Maître
Jean Fercoq[1],
notaire de Botmel, ajoute que toutes les métairies ont été affermées entre
temps. Pour toute ces raisons, Pierre Guézennec espère être bien fondé à
obtenir que Jacques Foll et Marie Quénec'hdu soient " condamnés de lui
faire jouir de l'effet de sa dite ferme verbale, ce faisant de vider la dite
maison et crèche et même de les réparer au dire des conventions d'entre eux
avec défense de ne plus troubler, ni lui méfaire en sa personne, ni en ses
biens et en outre de lui payer ses dommages et intérêts à dire d'experts pour
tout le temps de la jouissance et autres pertes qui en peuvent provenir, joint
son offre d'effectuer de sa part toutes les conditions." Maître Jean
Fercoq conclut en s'en remettant à l'équité ordinaire du Sénéchal.
Condamné, Jacques Foll fait appel devant la cour de Callac : il a besoin
de la maison pour se loger. Argument rejeté. En juillet 1717, Guillaume Floyd,
sieur de Rosneven et seul juge de la Juridiction et châtellenie de Callac
confirme la sentence de la Juridiction de Coatleau. Le 21 octobre suivant une
nouvelle et définitive condamnation est prononcée par la Cour Royale de
Carhaix.
Ses deux frères, Henry Guézennec du village de Coatleau Huellan et
Guillaume Guézennec du village de Kermorgant, les deux, ménagers de
Plusquellec, apportent leur caution à Pierre Guézennec.
Sources.
GUÉZENNEC,
Marie- La Seigneurie de Coatlëau en Plusquellec – 1482-1733-Extraits-septembre
1999.
{2] Jacques
Foll, (°1684 Plusquellec- +1741 Carnoët), fils de Guillaume et Jeanne
Guénégou, se remarie en 1726 avec Anne Le Maistre, veuve de M° Jan de la
Rochehuon, au décès de son épouse Marie Quénechdu en 1724. Il décède
à Carnoët en 1741 à l'âge de 57 ans.