Page d'Accueil

 

 

Un contrat de mariage passé devant la Juridiction de Corlay en 1664.

 

 

Dans l'étude du notaire(1)

1- Le couple devant le notaire

Au stade économique, le passage devant notaire est une nécessité de tous les instants dans une société rurale où les rapports sont presque toujours des rapports de force. Que l'on donne ou que l'on reçoive, c'est toujours une sécurité que de codifier une transaction devant notaire, ne serait-ce que pour savoir où l'on est dans ses comptes. Le contrat de mariage est souvent l'acte décisif de la formation matérielle du couple, ainsi que l'acte civil notarial par excellence;

" ...alors que la plupart des couples passent devant notaire dans la capitale, alors qu'à Nantes la fréquentation notariale n'excède pas dans le meilleur des cas, le tiers des couples....." (2)

Cette faible fréquentation n'est nullement l'apanage des seules catégories populaires car très souvent les grandes familles jugent inutile de passer devant notaire, prouvant là, une forme générale et usuelle de dissimulation fiscale. De tous les actes notariés, le contrat de mariage est aujourd'hui le plus familier aux historiens et curieux de la société française de l'Ancien Régime. Utilisé tout d'abord, pour reconstituer les hiérarchies sociales, à partir de l'échelle des apports dotaux, considéré comme un indice des fortunes et des patrimoines des familles, ils y ont vu une source pour l'étude des structures familiales, comme un moyen pour mieux connaître les migrations et les niveaux culturels des futurs époux et de leurs parents. Pour les chercheurs amateurs, la documentation notariale est peu utilisée, pourtant elle constitue un grand capital archivistique de l'Ancien Régime qui n'est dépassé que par les archives judiciaires. Sur le plan qualitatif, leur supériorité est encore plus grande. Alors que les procès devant les juridictions relèvent d'abord, même dans une société de violence, de l'anormal, voire du marginal. La documentation notariale porte pour l'essentiel sur le quotidien, sur l'acte de tous les jours et présente toujours une coupe à travers toute l'épaisseur de la société. Ceci nous a conduit, lorsque M. Jean Le Tallec au cours de ses recherches a découvert ce document intéressant dans la série B des Archives Départementales des Côtes d'Armor(3 ), à l'étudier et à le publier en collaboration.

Ce contrat de mariage, rédigé par Maître Jan Le Dorven, notaire à Plusquellec, sous forme d'expédition ou grosse(4 ), est divisé en trois parties:

- La première est le contrat proprement dit, fait à Plussulien le 6 octobre 1664, chez Jean Le Bail, notaire à la Cour de Corlay.

-La seconde traite de la ratification et du cautionnement du contrat par six témoins réunis à Plusquellec le 19 octobre 1664.

- La dernière partie décrit le renforcement du cautionnement précédent par un témoin supplémentaire et signé à Callac le 22 octobre 1664.

2. - Le contrat de mariage.

Le 6 octobre 1664, devant le Jean Le Bail, notaire de la Cour de Corlay, comparaissent Jan Guézennec et son fils Jérôme, demeurant tous deux au village de Kerdiriou en la paroisse de Plusquellec d'une part et de Maître Guillaume Prigent et sa femme Jacquine Keranterff, sieur et dame du Pelven, demeurant tous les deux en la paroisse de Plussulien d'autre part. Jacquine Keranterff est mère et tutrice de Mathurine Chevance, fille unique et seule héritière d'un premier mariage avec Sylvestre Chevance à présent décédé, (+Plussulien ca. 1650/1651). Tout ce monde est réuni pour préparer le mariage de Jérôme Guézennec avec Mathurine Chevance.

"...lesquels pour parvenir au mariage d'entre le dit Hiérosme Guézenec et la dite Mathurine Chevance, sa prestandue fiancée, ont faict s'accorder les conditions cy-après moyennant l'advict et le consentement des parentzs de la d. mineure, décrêtée d'authorité de justice(5), de sorte qu'il a été recogneu que la d. mineure est seule et unique à succéder en premier lieu de la succession de son d. feu père et de celle en eschoire(6) de sa d. mère, en un premier valloir la somme de dix mil livres le cas eschéant et partant que le d. Jan Guézenec, père du d. Hiérosme affin qu'ils puissent faire communité(7) ensemble, a lieu de faire et bailler dot à son filzs Hiérosme ou assietté(8) jusques à la concurance du débit en propre de la d. Mathurine Chevance avecq assietté du reliquat de son compte qui sont réputé son propre immobilier tout ainsy que ceux luy eschera et à eschoire et dont elle fera récompense en cas de déçoir sans hoirs(9) de corps sur les biens tant invisibles qu'immobiliers despandans des successions tant dudict Guezenec que celle d'honorable femme Jacquette Le Dot, sa compaigne, qui ratiffiera ceste dans le mois , apaine de nullité et apaine de tous les despandz, dommages, miscriptures, lesquelz biens meubles et immeubles demeurent dès aprésant affectés et hypothéqués en cas dudict consantement et décret de justice à la restitution didict attouchelent et en faveur et considération dudict futur mariage.

Le d; Jan Guézenec, avec les mesmes promesses que devant promettant la d. assietté serve avecq la d. ratiffication, a promis de bailler à son d. filz la somme de trois centz livres thournoises de rante annuelle par chaque an et à chaque Sainct Michel commançantz à la Sainct Michel prochaisne venante et finissante apareil jour, et ainsy continuer à prendre la d. somme de trois centz livres thournoises(10) de rante annuelle dessus le lieu de Lanec sittué en la paroisse de Mezle-Carhaix et au village de Querannou en la paroisse de Plusquellec qu'ils affirment valloir et monter à la d. somme...."

Voilà donc résumé en quelques lignes, l'essentiel du contrat où surgissent çà et là les termes clés et que tout lecteur peut, sans trop de difficultés, appréhender les subtilités du jargon de la basoche du XVII° siècle. Nous voyons là que la "prestandue fiancée", Mathurine Chevance, présente au milieu du règne de Louis XIV, un parti tout à fait honorable. Il parait évident qu'au moment d'un mariage, les familles peuvent, par désir de gloriole, être tentées de surévaluer les dots. Cette pratique est usuelle; combien de dots sont, certes estimées en capital, mais payables en réalité en termes égaux de six mois en six mois. Pour se donner un ordre de grandeur, rappelons que dans l'étude d'un certain Maître Jehan Bernard, notaire en 1640 à Taluyers près de Lyon, le volume global des transactions pour la décennie 1610/1620 atteint le chiffre de 10.000 à 15.000 livres tournois par an, sans jamais atteindre le plafond des 20.000 livres(11). D'autre part, concernant la rente annuelle de trois cent livres due par Jan Guézennec, propriétaire de la terre de Lannec en Maël-Carhaix et de Kerannou(?) en Plusquellec, rappelons également que le 15 juin 1680, le fermier de Madame de Sévigné vient lui régler son fermage se montant à la somme de trente livres en tout(12).

Puis le contrat se poursuit de la sorte:

" ... et les d. choses accomplies de la part du d. Guézenec a la valleur que devant, les parentz ouis comme y est la d. Queranterff(13) et son d. mary consentant de leur cheff que le présent mariage porte son plain et entier effect, conditionné entre parties que le d. Guézenec cauptionnera de personnes solvables et de facile convention la restitution du débit en compte de la d. Mathurine Chevance mineure et de faire valloir le droit de son prestandu fiancé à la concurance de la somme cy-dessus......

"..au d. cas de déçoir sans hoirs de corps la d. Chevance aura la somme de centz livres thournoises de douaire (14) sur leurs biens cy-joints"

Nous nous sommes posé bien des questions sur ces deux familles de paysans aisés, sachant lire, signer et comprendre la langue des clercs. Ce contrat, bien sûr, représente un cas d'espèce et ne vient en aucune sorte contredire les remarques de Jean Meyer(15.

"...le cas breton est celui d'une société à acculturation faible à l'écrit, où l'alphabétisation est retardataire et géographiquement irrégulière...."

Reste également posées plusieurs énigmes, comme celle de la mise en relation et de la rencontre de ces deux familles, de leur relatif éloignement géographique; Plusquellec étant distant de Plussulien de 40 kilomètres environ, ce qui suppose pour une simple rencontre, une durée de voyage d'une bonne journée par des chemins précaires et boueux. Ce contrat, rédigé dans la langue juridique de l'époque, comprend bien sûr de nombreuses clauses dont l'une porte sur la fécondité du futur mariage:

"...en cas de déçoir sans hoirs de corps..." ainsi que la recherche par le père du fiancé, Jan Guézennec, de : "..personnes solvables et de facile convention..." afin de cautionner le contrat de mariage. La première partie se termine ainsi:

"...en maire forme de contrat de mariage, obligation, liaison, renonciation, serment fut faicte et consentye au d. bourg de Plussulien au tablier(16) du Bail, nottaire. Soulz les signes faicts Guézenec et Prigent, chacun pour son respect et Jan Henry pour la d. Queranterff laquelle a affirmé ne sçavoir signer.

Le d. jour sixième d'octobre mil six centz soixante et quatre apprès midy ainsi signé en l'original. J: GuezenecC, Hier. Guezenec, G: Prigent, J: Henry, Jan Le Denmat, nottaire, Jan Le Bail, nottaire.

Voici donc cités les principaux témoins du contrat de mariage: Jan Guézennec et son fils Jérosme accompagné de Maître Jan Le Denmat, tous trois de la paroisse de Plusquellec; puis, Guillaume Prigent, hôte de Plussulien, accompagné de son épouse Jacquine Keranterff et de son parent ou ami Jan Henry qui signe pour Jacquine, la mère de la fiancée. Les deux parties étant réunies en l'étude de Maître Jan Le Bail, notaire à la Cour de Corlay.Nous verrons par la suite le rôle primordial du nombre des témoins dans l'établissement de ce type d'acte. Terminons d'examiner la fin de ce contrat:

"...collationné fidellement autre copie signée: J:Le Bail, nottaire mis entre les mains du soubsignant raporteur de la ratification et cauptionnement cy-après pour y avoir recours. Le vingt et quatrième octobre avant midy mil six centz soixante et quatre...

Jan Le Dorven, notaire.

Jan Le Dorven, notaire à Plusquellec recopie l'acte rédigé par Maître Jan Le Bail le 6 octobre 1664 et devient ainsi l'officier(17) chargé de la ratification et du cautionnement.

2-Ratification et cautionnement du contrat

Donc treize jours après la signature de l'acte passé devant la Cour de Corlay, Maître Jan Le Dorven réunit le 19 octobre 1664 à Plusquellec le ban et l'arrière-ban de la famille Guézennec:

"...honorables gentz sire Jan Guézenec et Jacquette Le Dot, sa compaigne espouse, demeurant au lieu de Querdiriou en la paroisse de Plusquellec lesquelz pour parvenir à l'exécution et encherinance(?) du contrat de mariage, pointz et conditions y rapportés et icelluy exécutant et accomplissant entre Maître Hiérosme Guézenec leur filz et Honorable fille Mathurine Chevance, fille du deffunct Honorable Homme Sylvestre Chevance de son mariage avecq Honorable Femme Jacquine Queranterff, ses père et mère gré et passé par la juridiction de Corlay le sixième octobre présant mois entre les d. Jan et Hiérosme Guézenec d'une part et honnorables gentz Maître Guillaume Prigent et la d. Queranterff aprésent sa compaigne espouse en secondes nopces , sieur et dame du Pelven et icelle Queranterff, mère et tutrice de la d. Chevance, sa fille. Signé par coppie sur papier J: Le Bail, nottaire refférant.

Après ce rappel du contrat passé le 6 octobre, Maître Jan Le Dorven a:

"...aussy faict comparaître en leurs personnes honnorables gentz Maîstre Jan Le Parcheminer demeurant au village de Runhervy, Maîstre Claude Le Maître demeurant au lieu de Querbouzard, Guillaume Rabé demeurant au village de Querhuellan, Pierre Le Dot demeurant au village de Quervéguant, Jan Cottonnec le Vieil demeurant au village de Resglas et Louis Gueguen demeurant au village de la Haute-Boissière le tout en la paroisse de Plusquellec...."

Devant cette assemblée, Maître Jan Le Dorven fait lecture des termes, et conditions du contrat de mariage:

"... tant en langue françoise que bretonne..."

Puis s'adressant à Jacquette Le Dot, l'épouse de Jan Guézennec et mére de Jérosme, afin de lui demander son approbation du texte lu, celle-ci lui répond en sa langue bretonne:

"...estre telz que par iceux droitz, femme marié ne se peult vallidement obliger pour son autruy et nottamant pour son mary sans y avoir renoncé et en faict elle renonce mesme par arrest et hostage des personnes desditz Guézenec principal obligé, Parcheminer, Maistre, Rabé, Dot, Cottonnec et Gueguen.(18)....."

Ce qui signifie assez cruellement que la parole et la promesse d'une femme mariée ne présentent que peu de valeur dans le contexte de l'époque. Les comparants approuvent et cautionnent sur leurs biens propres le présent contrat. Jan Guézennec, Maître Jan Le Parcheminer et Maître Claude Le Maîstre signent en l'original. Les dits Dot, Rabé, Cottonnec et Guéguen ne sachant signer, Maître Jan Le Dorven requiert: Messire Jérosme Du Pontho, seigneur de Coatleau, signe pour Jacquette Le Dot, Maître Jan de la Rochehuon pour Pierre Le Dot, Ecuyer Allain de Champagné pour Guillaume Rabé, Maître Jan Thomas pour Louis Gueguen, Maître Yves Léannet pour Jan Cottonnec le Vieil.

"...le dict gré princt au bourg de Plusquellec près le cimetière hors Terre Saincte le ditz jour. G: HAMON, nottaire et J: LE DORVEN, autre nottaire registrateur "

 

3-Renforcement du cautionnement

Le cautionnement des notables de Plusquellec était-il insuffisant ou bien l'un des témoins pressenti n'avait pu se présenter le 19 octobre 1664 pour que Maître Jan Le Dorven organise une nouvelle réunion le 22 octobre, cette fois en la ville de Callac? Le document reste muet à ce sujet et voici qu'apparaît Yves Laizet du village de Kerhouallet en la paroisse de Maël-Carhaix, convoqué lui-aussi afin de renforcer le cautionnement du présent contrat. Ce dernier personnage est-il un parent, un ami? En tout cas une relation proche, attendu que Jan Guézennec possède dans la même paroisse la terre de Lanec à environ une lieue de Kerhouallet, domicile d'Yves Laizet. Jan Le Dorven, dans les mêmes termes que trois jours plutôt à Plusquellec, présente devant Jan Guézennec et Yves Laizet les tenants et les aboutissants du contrat de mariage.

"...auquel apprès avoir faict lecture et donné à entendre en son language vulgaire(19) breton la teneur , effect, substance et conséquence tant dudict contrat subdaté que de la ratiffication et cauptionnement du dix neuffième du courantt cy-descript austres partz de mot en mot s'il joinct en autre, s'est volontairement mis et constitué en renforçant le dict cauptionnemnt cy-devant dabté et par ceste se met et continue à plaige(20) et cauption du d. Guézenec pour l''exécution, encherinance(?) et accomplissement de tous les points et conditions que par le d. contrat du d. mariage...

L'acte se termine par l'apposition des signatures/

"...a le d. Guézenec signé pour son regard et pour le d. Laizet affirmant invatoirement(21) ne sçavoir signer, a requis et prie de signer à la requête Maîstre Jan de la Rochehuon. Le d. gré princt en lestude du Sieur de Querlossouarn chez Jan Hérissé en la ville de Callac, les d. jour et an que devant ainsy signé; J:Guézenec, Jan de la Rochehuon, G: Hamon, nottaire et J: Le Dorven autre nottaire registrateur.

J: Le Dorven. Ntre

Délivré tout ce que essuer(?) au d. Maîstre Hiérosme Guézenec a lui valloir et ferme ainsy qu'il appartiendra ce jour vingt et quatrième octobre mil six cent soixante et quatre.

Comme il apparaît dans la dernière partie du texte, Jan Le Dorven a rédigé ce document le 24 octobre 1664. Celui-ci comporte douze pages, et est remarquablement calligraphié, sans trop d'abréviations, dons lisible par tout un chacun. Il eut été intéressant de le confronter à l'original, ce dernier est, à notre avis, enfoui dans un dossier d'étude de notaire ou peut-être irrémédiablement perdu.

4. - Les témoins du contrat

L'analyse de ce document nous a permis de dénombrer la présence de 22 personnes, dont 16 acteurs principaux et de 6 personnes requises pour signer en lieu et place des témoins ne sachant le faire, formule usuelle que rencontrent à longueur de page les lecteurs habitués des registres paroissiaux. La présence des témoins est une condition nécessaire à la validité de l'acte et on compte environ 7 à 9 personnes concernant les contrats de mariage et les testaments . Deux témoins suffisent dans le cas des autres transactions, telles que: ventes, achats, donations, etc...  On note également le faible nombre des témoins signataires en dehors des officiers dont les notaires, clercs et tabellions.Dans le premier acte, sur 7 témoins et officiers présents, seule Jacquine Keranterff, mère de l'épouse, "..ne sçait signer". Dans le deuxième acte, sur 8 témoins nous trouvons 4 non-signataires et dans le dernier texte, sur 5 témoins seul Yves Laizet de Maël-Carhaix ne signe. Il faut, sans aucun doute, faire quelques réserves quant à la valeur réelle de la non signature, ce qui ne signifie pas un analphabétisme, puisque les sociologues reconnaissent dans la signature un simple intermédiaire entre la maîtrise de la lecture et celle de l'écriture(22)- Une seconde approche dans l'étude de ce texte nous confirme que le contrat de mariage est un acte essentiellement civil, ce qui étonne bien des observateurs à une époque où l'emprise de l'Eglise sur les consciences était totale. En effet, aucune référence au mariage religieux n'est mentionnée, alors que cette famille Guézennec comptait, à ce moment, plusieurs prêtres en son sein. Mais comme le mentionne Laurent Aboucaya:(23)

"...Pour être authentique et donner droit d'hypothèse à l'épouse, il convient pour donner force au contrat de mariage, qu'il ait été passé et signé avant la célébration du mariage...."

Épilogue

Deux ans s'écoulèrent avant le mariage de Jérôme Guézennec et de Mathurine Chevance. Celui-ci eut lieu à Plussulien en 1666, mais nous ne connaissons ni le jour, ni le mois. Mathurine Chevance, née vers 1649, avait donc lors de la signature du contrat entre quinze et seize ans. Elle vécut ainsi auprès de sa mère et de son beau-père Guillaume Prigent, hôte débitant de vins au bourg de Plussulien. Aussitôt les noces célébrées, les mariés vinrent vivre à Kerdiriou sous l'autorité du paterfamilias Jan Guézennec et où naquit le 7 juin 1666 leur premier enfant, Jacquette. Comme il était d'usage pour le premier enfant, Jan Guézennec, le grand-père paternel, fut le compère et Jacquine Keranterff, la grand-mère maternelle, la commère de la cérémonie du baptême ou en d'autres termes: parrain et marraine. Les relations avec Plussulien ne se relâchèrent guère, car vingt deux ans plus tard, Jacquette Guézennec épousa en l'église de Plusquellec le 21 juin 1688, un certain Mathurin Le Tallec, originaire de Plussulien. Ce fut une grande et belle noce, l'acte de mariage relevé sur le registre paroissial ne comporte pas moins de quatre prêtres, dont l'oncle paternel Jacques Guézennec, l'oncle par alliance Pierre Quénec'hdu le Vieil, curé de Plusquellec, Claude Jaouen et Alain Guillou. Dans les personnages signataires mentionnons également: Charles de Kerauterm, Yves Connan, Maître Philippe Guézennnec, notaire et frère aîné de Jérôme, Mathurin le Tallec et Jacquette Guézennec, les nouveaux épousés. Ce fut ainsi un retour aux sources, Jacquette Guézennec suivit son mari Mathurin Le Tallec à Plussulien où leurs descendants furent fort nombreux et parmi ceux-ci le découvreur du document M. Jean Le Tallec. Mathurine Chevance resta à Plusquellec où elle mourut à l'âge de cinquante ans, victime avec son mari Jérôme, de la grande épidémie de choléra en septembre 1699.

 

Joseph Lohou.

Notes et Glossaire

1-Le couple devant le notaire.-Gravure sur bois-Monogrammiste Hd.-Strasbourg 1518. Encyclopédie Universelle, XVI, Collection Marabout Université. Gérard et Co. Verviers, 1962.

2 - J. MEYER. La documentation notariale en Bretagne. p.38 (Les Actes Notariés.-Source de l'Histoire Sociale.XVI°-XIX°Siècle.-Actes du colloque de Strasbourg Lib. Istria. Paris(Mars 1978)

3 -Juridictions Royales et Seigneuriales d'Ancien Régime.- A.D. Côtes d'Armor- Série B.332.

4 -Expédition ou grosse: Expédition d'un acte notarié en forme d'original conforme à la minute ( du latin: minuta: écriture menue.)

5-Authorité de Justice: Terme de Palais.Concours ou jonction de l'autorité d'un tuteur dans un acte passé par un mineur, faute de quoi l'acte serait invalidé et sans effet.

6-Eschoir,eschera: Hériter, héritera.

7-Communité: État de ce qui est commun à plusieurs

8-Assiette, assiettée: 1) Evaluation. 2) Intérêt d'une somme. 3) Répartition.

  9-Déçoir sans hoirs de corps:  Rester sans héritier(s).

  10-Livres Thournoises: Monnaie frappée jusqu'au XIII° siècle à Tours, puis monnaie royale française jusqu'au 17 Frimaire An 2 où elle prit le nom de franc. (07/12/1793)

  11 - M. TOUBLANC-  Le notaire rural- Page 90- Cf. Actes du Colloque de Strasbourg.

12- F. BRAUDEL- Les structures du quotidien-Chap.7, La monnaie, page.385.-Lib. Colin-1979.

13- K= Qu - K n'est employé, dans les textes anciens, que pour les mots d'origine grecque. (Littré)

  14-Douaire-C'est la jouissance d'une certaine portion des biens du mari, à la femme qui lui survit.

  "Au coucher, la femme gagne son douaire"(Coutume de Normandie.)

15-J. MEYER- La documentation notariale en Bretagne- page.31-Cf. Actes du Colloque de Strasbourg.

  16-Tablier-Etude de notaire ou de tabellion et également bureau de recette royale.

17-Officier- Titulaire d'un office ou d'une fonction.

18- A.J. LEMAITRE-Les testaments bretons-page.280.Cf.Actes du Colloque de Strasbourg

            "La capacité de donner est soigneusement limitée; les restrictions les plus importantes intéressent la femme mariée qui ne peut tester que sous l'autorité de son mari dont la présence lors de la rédaction de l'acte est nécessaire à sa validité..."(Coutumes de Bretagne, articles 215 et 619)

19- Vulgaire est pris ici dans le sens: "Ce qui appartient à la langue courante, non scientifique."

20- Plaige- Celui qui se porte garant; promettre; caution judiciaire "Plaige et caution".

22-Invatoirement- du latin invitare, inviter.

  23-M. TOUBLANC- Le notaire rural -page.90.-Cf.. Actes du Colloque de Strasbourg.

  24-L. ABOUCAYA-Les pratiques notariales au jugement des écclésiatiques-page.142.Actes du Colloque de Toulouse.

 

 

Notes bibliographiques

1. Actes du Colloque de Strasbourg- Notariat-Mars 1978- Librairie Istra.Strasbourg.

2. Actes du Colloque de Toulouse-Notaires et Sociétés.-Décembre 1989. Presse Universitaire du Mirail-Toulouse.

3. Archives Départementales des Côtes d'Armor- St Brieuc.Juridictions Royales et Seigneuriales d'Ancien Régime.

4. BRAUDEL F.-Les structures du quotidien-Civilisation matérielle, Économie et Capitalisme du XV° au XVIII° siècle- Librairie Armand Colin- Paris 1978.

5. CURVE de Ste PALAYE-Glossaire de la langue française-Editions Favre-1876.

6. Encyclopédie Universelle- Collection Marabout Université- Gérard et Co.-Verviers 1962.

7. GODEFROY F.-Dictionnaire de l'ancienne langue française-Librairie des Sciences-Paris 1938.

8. MOUSNIER R.-Institutions et Sociétés en France du Moyen-Age à la Révolution-Presse Universitaire de France-Paris 1974.

Note de l'auteur : 

1-Ce texte a paru dans "PAYS d'ARGOAT" - Revue d'Histoire et d'Archéologie des cantons d'Argoat- ISSN 0753-24906 -N° 21 du 1er semestre 1994. Impr. Henry -Pédernec- Adresse : Pays d'Argoat-Koad Izelan-22390 BOURBRIAC.

2- Dix ans après ce texte, Jean Le Tallec, le découvreur du contrat, a fait paraître aux Éditions des Montagnes Noires, un ouvrage intitulé "Un paysan breton sous Louis XIV, Mathurin Le Tallec (1663- 1722)". ISBN 2-913953-50-6.

 

PAGE D'ACCUEIL