PLUSQUELLEC

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INFORMATION contre le Sieur FLOYD Recteur de PLUSQUELLEC
Faite au tribunal de ROSTRENEN le 7 juillet 1791.




La nouvelle organisation territoriale a rattaché PLUSQUELLEC au département baptisé Côtes-du-Nord et, pour les affaires de justice, au district de ROSTRENEN où les neuf témoins ont été convoqués. Échelon intermédiaire entre le département et le canton, l'éphémère district institué par l'Assemblée Constituante sera supprimé par la Constitution de l'An III.

La déposition de Jean-Marie BOSQUET[1]  de Locménal résume l'essentiel des témoignages. « Un jour de dimanche du mois de mai dernier, ayant appris que le sieur FLOYD devait publier le prétendu bref  du Pape(2], il alla en sa qualité d'officier municipal dans la sacristie de l'église de PLUSQUELLEC, où il dit au sieur FLOYD de ne pas publier ce prétendu bref, parce qu'il y avait parmi ses paroissiens beaucoup de gens faibles et crédules qui pourraient y ajouter foi, que nonobstant cette remontrance le sieur FLOYD fit dans la chaire à prêcher lecture du prétendu bref, qu'ensuite le même Sr FLOYD dit au déposant dans la sacristie, très bien quel mal trouvez-vous que j'ai fait ? ».
Le bref pontifical du 13 avril 1791 condamnait le serment civique imposé aux prêtres, assimilés à des fonctionnaires publiques par la loi du 26 décembre 1790. Le Pape le déclarait « hérétique, sacrilège, schismatique, renversant les droits du pontificat suprême et de l'Église, contraire à l'ancienne et à l'actuelle discipline et n'ayant enfin d'autre objectif que d'anéantir complètement la religion catholique ». Le gouvernement révolutionnaire avait interdit sa publication. Le recteur FLOYD est doublement coupable, d'avoir refusé de prêter serment et d'avoir lu le bref pontifical.
« Le même jour autant que le déposant peut se rappeler, le même accusé dit dans la chaire que les électeurs pour toutes les affaires du temps étaient tous des hommes damnés, qu'il a entendu le même accusé différentes fois dans la sacristie dire que les confessions des prêtres assermentés étaient nulles, excepté à l'article de la mort et qu'il était aussi inutile de se confesser à eux que de se confesser à un chien ; ajoute le déposant par l'organe de l'interprète avoir un certain jour entendu l'accusé dire en son prône, au cas qu'il viendrait à être remplacé, il resterait toujours dans la même paroisse et que ses paroissiens le trouveraient lui et son vicaire prêts à recevoir leurs confessions... ».

Quelques mois plus tard, le recteur, menacé comme tous les prêtres réfractaires, jugera plus prudent d'émigrer à JERSEY. Rayé de la liste des émigrés en 1802, il sera nommé chanoine de SAINT-BRIEUC.
Parmi les témoins, certains sont créanciers du recteur pour la dîme de l'année 1790 : Henry FERCOQ de Kerguiniou, François LE LOSTEC de Coétannech, Philippe GUÉZENNEC de Kerdiriou, Claude QUÉNECHDU de Kerlannou, capable de donner des dates précises : Les dimanches 22 mai et 12 juin.
 Il ne peut toutefois préciser quel dimanche le Sieur FLOYD annonça en chaire : « On vient de vous donner un nouveau recteur, c'est un sacrilège, et toutes les fonctions qu'il fera seront sacrilèges et nulles, et vous-mêmes vous vous perdrez si vous y assistez, et n'avoir autre connaissance ».

Les autres déposants sont Corentin BAUDOIN de Lestrédiec à qui le Sieur FLOYD déclara que sa conscience lui ordonnait de lire le bref du Pape, Jean LE BON du Rudunec, Jean LE MORELLEC de la Basse-BOISSIÈRE qui n'a « aucune connaissance des faits portés en la plainte du sieur accusateur public ». François LE COZ de Coatleau dépose le 9è et dernier.

Le recteur de PLUSQUELLEC portait un patronyme d'origine étrangère, fait rarissime dans le POHER de cette époque. Il descendait d'une famille irlandaise chassée d'Angleterre en 1610. Roland, sieur de Tréguibé, fit enregistrer ses lettres de naturalisation en 1640. Son fils Julien, ancêtre du recteur, acheta la charge de sénéchal de CALLAC et la famille FLOYD l'exerça héréditairement pendant au moins trois générations.



Notes.

[1]BOSQUET, Jean Marie, agent municipal habitant le village de Locménal et marié à Marie Jeanne LE NORMAND
[2] Caritas -Lettre apostolique du 13 avril 1791-À Nos chers fils les cardinaux de la sainte Église romaine,
à Nos vénérables frères les archevêques et évêques, et à Nos chers fils les chapitres, le clergé et le peuple du royaume de France. Pie VI, Pape. À nos chers Fils, et à nos Vénérables Frères, Salut et Bénédiction Apostolique...




Sources.

Plusquellec, seigneurie et paroisse d'Ancien Régime- Marie Guézennec -janvier 2001.