Les mines de Plusquellec


Occurrences plombo-zincifères dans le Massif Armoricain

On distingue à droite du site Huelgoat-Poullaouen, les deux mines de Carnoët et Plusquellec


Les mines de plomb argentifère et de zinc de Poullaouen-Huelgoat ont été ouvertes sans interruption de 1730 à 1867 et des mines secondaires à Carnoët et Plusquellec ont été en service dans les années 1710 à 1770 avec moins de succès que dans les premières citées. Trois sites sont connus, près du moulin de Coatleau, l’entrée de la mine Kerpipe est encore visible, puis Coat-ar-Nech et Kerthomas où il n’y plus de traces. En 1737, la tenue de Coat-ar-Nech possédé en domaine congéable à l'usement du Poher par René Kerhervé, Yves Kergreis, Charles Le Guével et le nommé Le Baron, vois sa rente diminuée de 140 à 132 livres tournois en raison des travaux de la mine.(AD22-E 3432)

Les mines du Centre Bretagne étaient connues depuis l'antiquité, bien avant l'arrivée des Romains. En 1732, la Compagnie des Mines de Basse Bretagne fut créée par privilège Royal et dura jusqu'à la Révolution. C'étaient des ingénieurs allemands qui dirigeaient les travaux.

Le minerai, ou galène, qui est un sulfure naturel de plomb, de couleur gris bleuâtre, contenant des traces d'argent, de fer et de zinc, est extrait de filons en surface ou en puits. Le quintal de minerai broyé, tamisé et lavé, donne 18 à 25 kg de plomb et de 16 à 30 grammes d'argent. La gangue est quartzeuse et la minéralisation comprend également, outre de la galène, des traces de blende qui est un minerai de sulfure de zinc;

En 1763, Jan Georges NEÛ, veuf de Marguerite CHEREDREN, mineur allemand de la mine de Carnoët se marie avec Marguerite CONNAN, veuve de François LE GUEN de Plusquellec.

En 1756, Bertin GENOPHLE et Madeleine BOELBOTREN et son épouse habitent au village de Coat-ar-Nech où Bertin est ouvrier à la mine du même nom. Deux filles naissent à Plusquellec, Anne Marguerite en 1756 et Marie Madeleine en 1758, elles mouront en bas âge. Aucune descendance n’est constatée et ces étrangers retourneront dans leur pays en ayant quelques notions de langue bretonne.

Les caractéristiques de la mine de Coat-ar-Nech sont les suivantes : le filon quartzeux de type BGPC,  blende et galène dans une gangue de quartz,encaissé dans le Brioveren, est un filon de 400 m de long et de 65 m de profondeur. L'exploitation, commencée en 1739 s'est poursuivie jusqu'en 1763, puis une nouvelle tentative fut entreprise en 1773, mais les résultats décevants firent que les travaux s'arrêtèrent définitivement. Sources : Généalogie 22 de Rolland Pierrot, Louis Chauris et Claude Laforêt- Editions BRGM.


Voici ce que dit R.M. Jouan dans sa monographie paroissiale de Carnoët "Essai sur l'histoire de la commune de Carnoët"- St Brieuc-Imprimerie Francisque Guyon-1901-13x13- 133p.(cote 3 bi 1226-AD22)

"Le filon de Plusquellec est situé près de l'étang de Kerthomas, non loin de l'ancienne chapelle de St Symphorien à 3 200 mètres au nord du filon de Carnoët, auquel il était sensiblement parallèle. Le minerai que l'on extrayait était une galène à grandes facettes. La compagnie de Poullaouen en extrayait, dit-on, en 1741 jusqu'à 123 169 livres de plomb. Délaissée en 1745, la mine fut reprise en 1755 par König, une troisième tentative eut lieu en 1773 mais les dépenses de l'épuisement provoquèrent bientôt un nouvel et dernier abandon des travaux".

 

Quelques notions succinctes de géologie du massif armoricain.

Plusquellec se trouve dans le domaine géologique appelé "Centre armoricain". Ce sont des terrains d'âge primaire à la limite méridionale de la dernière glaciation et composés de gneiss* et migmatites**.

* Gneiss, roche à grain grossier, où alternent les plages claires(quartz, feldspath) et foncées(mica)

** Migmatites, roche gneissique d'aspect mélangé(amphibole et quartz)

Sources : Géologie des Côtes du Nord, Michel Guillaume, GEPN.1985

 

Voir également la carte géologique de Morlaix au 1/80.000.(IGN)

Voir les articles de Marie Guézennec dans Kahier ar Poher n° 6-juin 2001, p 47 à 51- "Brève enquête sur les Mines de plomb et d'argent de Basse-Bretagne" et  " Officiers et personnel qualifié" - p 27 à 38 dans Kahier ar Poher n° 7 -décembre 2001.


Voici un texte de 1852 sur les mines de Huelgoat qui décrit les conditions extrêmes de travail des mineurs dans ces mines primaires.

·         Les mines de Huelgoat sont intéressantes à observer, ainsi que celles de Poullaouen, distantes de trois quarts de lieue, et probablement formées des mêmes filons. Je voulus aller au fond de ces mines.. on y des­cend au moyen d'une poulie dans un panier ou bassicot que soutient un câble de deux à trois pouces de diamètre. Les principaux puits de Poullaouen ont plus de 600 pieds de profondeur, et ceux de Huelgoat environ 900. Quel séjour que celui de ces entrailles de la terre? On n'y respire qu'avec difficulté tant l'air y est épais. L'oreille n'entend que le frottement du jeu des machines et le sourd retentissement du marteau des mineurs. Mais la rareté des objets, les curiosités naturelles étalées de toutes parts, tempèrent la tristesse du lieu. On y voit avec profusion des pyrites martiales, du spath calcaire. de la blende, de la stéatite, diverses cristal­lisations, et cent autres richesses minérales qu'on ne trouverait peut­ être pas ailleurs.

·          La direction des filons va du nord au sud, et plusieurs de ces veines ont jusqu'à trois pieds de minerai. La galène est mêlée de soufre, d'arsenic. etc., comme celle de toutes les mines de plomb. Elle donne par quintal de minerai broyé, tamisé, lavé. de 18 à 25 kilogrammes de plomb et de /6 à 30 grammes d'argent. Ce dernier métal produisait autrefois à peu près l'équivalent des frais ordinaires de l'établissement. Plus de mille ouvriers sont employés à ces mines. On visite avec intérêt les ateliers où l'on apprête le minerai, les fourneaux, la fonderie d'affinage, et les machines d'exploitation, qui sont pour la plu­part de petit chef-d'œuvre de méca­nique simplifiés.

 

Vérusmor (al. A. Géhin), Voyage en basse Bretagne, s. n., Guingamp, 1852.

 

-Puit de mine ( coupe )

 


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