La transformation des paroisses en communes
La
transformation des paroisses en communes ne s'est pas faite partout sans
difficultés mais au contraire avec un risque de graves incertitudes et de
confusions entre circonscriptions religieuses, fiscales et autres. Beaucoup de
difficultés restèrent à résoudre après 1790, telles que les rapports entre
paroisses et communautés fiscales et agraires, la délimitation exacte des
collectes, le devenir des enclaves. L'assise paroissiale des communes :
"il y aura une municipalité
par paroisse ou communauté de campagne", ( décret du 14 décembre
1789 et Lettres patentes du 22)
puis
la définition fiscale des territoires :
"les communautés de campagne
comprennent tout le territoire, tous les hameaux, toutes les maisons isolées
dont les habitants ont cotisé sur les rôles d'imposition du chef-lieu",
loi du 4 mars 1790, article 2) ne simplifient pas les choses.
Dans
le Haut-Rhin, l'érection en communes n'aurait posé aucun problème, où les
267 paroisses-cures et 115 filiales paroissiales sont prolongées dans autant de
communes calquées sur les circonscriptions religieuses anciennes. Ce n'est pas
aussi simple dans l'Ouest. Dans la plus grande partie de la Bretagne le réseau
ecclésiastique connaissait aussi une hiérarchie entre des paroisses-cures,
dirigées par un "recteur" et des "trêves", succursales ou
fillettes d'une paroisse-mère. Malgré sa subordination une trêve avait la
plupart des caractères d'une paroisse ; territoire, église avec fonts
baptismaux, cimetière et registres. Dans les Côtes-du-Nord, les 420 paroisses,
dont 101 trêves, sont regroupées dans 380 communes. Beaucoup de trêves sont
donc érigées en communes; par exemple Botmel-Callac et Calanhel, trêves de
Plusquellec érigées en communes, de même que la paroisse principale. Par
contre d'autres trêves sont oubliées et leurs habitants n'auront de cesse de
retrouver leur indépendance civile et religieuse. C'est pourquoi on observe au
XIXe siècle un effort continu pour augmenter le nombre des
circonscriptions ecclésiastiques, puis celui des circonscriptions civiles. La
Bretagne a 1430 communes en 1790, 1443 en 1848 et plus de 1500 à la fin du XIXe
siècle. Par exemple dans les Côtes-du-Nord, Bonen, ancienne trêve de
Plouguernével qui n'avait pas été érigé en commune en 1790, devient
succursale en 1842 et commune en 1892. Trémargat devient succursale en 1862 et
commune en 1851, comme La Chapelle-Neuve, trêve de Plougonver, succursale en
1862 et commune en 1873.
FOLLAIN, Antoine (1996) – Réseau Paroissial et Identité Communautaire.