Le
mot campanaire, d'usage ancien, vient du latin campana : cloche. Il est peu
connu car il a disparu de nos dictionnaires depuis une vingtaine d'années et désigne
l'art des cloches.
L'utilisation des cloches pour scander la vie paroissiale : angélus, messes,
baptêmes, mariages, enterrements, incendies ou guerres, est très ancienne.
On en attribue l'intuition à Saint Paulin (mort en 420), mais ce n'est qu'à
partir du VIII ème siècle que l'on "baptise" les cloches et
qu'on leur donne un nom, en raison du service "liturgique"
qu'elles assurent en appelant à la prière de l'Église ou en accompagnant de
leurs sonneries joyeuses ou tristes.
Une cloche est fondue dans un bronze particulier : l'airain, constitué de 78%
de cuivre et 22% d'étain.
A Plusquellec, les trois cloches sont situées dans la tour occidentale, rebâtie en 1780, date inscrite au-dessus de la porte d'entrée à l'ouest, après la démolition de la flèche jusqu'à la plate-forme dans l'année 1763. Une description succincte de l'édifice est effectuée dans le dossier "Eglise" de ce document dans l'attente d'un texte plus complet en préparation.
Au cours des relevés de naissance de la commune, voici les principaux évènements qui ont marqué le baptême des cloches de Plusquellec. La première mention de baptême de cloches date de 1675, le 12 juin de cette année, Pierre Qénech'du(°, curé de Plusquellec en bénit deux, la première, la grande, appelée " Charlotte Sébastien" et la seconde, la petite, "Marie Olivier". La première avait pour parrain, Messire Sébastien du Pontho, sieur de Coatleau et pour marraine, Dame Charlotte de la Boissière, dame de Tréduday, épouse d'écuyer Julien Le Sénéchal. La seconde avait pour parrain, Olivier de la Boissière, sieur du même lieu, époux de Marie de Crézolles et pour marraine, Marie Hubac, dame de Parthenay, parente de Messire Jean de Parthenay, recteur noble de Plusquellec, décédé 9 jours avant ce baptême le 3 juin 1675.
Ces cloches principales vont sonner allègrement
pendant 106 ans, jusqu'au 3 janvier
1781 comme nous le verrons ci-dessous.
Le 21 décembre 1708, le même curé, Pierre Quénec'hdu, béni la nouvelle cloche de la chapelle Saint Symphorien avec pour parrain Yves Guézennec(°1688-1763), ménager du village de Hellaouet et marraine Demoiselle Péronnelle de la Rochehuon, fille du notaire Jean de la Rochehuon de Coatanec'h.
Cette chapelle a
disparu depuis fort longtemps et elle était située comme l'indique la carte de
Cassini sur le chemin menant de la Ville-Neuve Poder à Lestrédiec, au
carrefour menant au village de Guern Ar Guellec.
En 1718, le
19 avril, Messire René Marie de Kerleugny, recteur noble de la paroisse de
Duault, béni la cloche de la chapelle de saint Fiacre en Plusquellec, laquelle
a été nominée par Écuyer Honorat de Minot et Dame Marie Claude de Goaslin,
dame de la Rivière qui signent : Marie Claude de Goaslin, Sébastien du
Gourvrinec, Martin de Villiers, de la Houle, recteur noble de Plourac'h, Yves le
Berre, recteur de Plusquellec, René Marie de Kerleugny, recteur de Duault. La
marraine, Marie Claude est l'épouse de Sébastien de Gourvrinec, ils demeurent
au manoir de la Rivière ou "Maner ar Ster" en breton.
En 1747, le 28 juin, une nouvelle bénédiction de la cloche de saint Fiacre qui fut appelée Charlotte Bonaventure, avec comme parrain et marraine respectivement Écuyer de Tréménec, sieur du dit lieu et Dame Anne Charlotte Michel de Kerizac, sénéchalle de Callac qui ont signés. Les autres soussignants étant : Marie Françoise Laviennoude?, Cadio de la Bourdonnaye, Du Loc'h, De Saulx du Loc'h, De Kerizac Ladvenant, Guesnon, Marie Thérèse Barbe Thérin, de Kersauzon de Penandreff, prêtre de Plusquellec, Soubens, Docteur en Sorbonne, recteur de Plusquellec et Pierre Quénec'hdu, prêtre de Plusquellec.
Le 3 janvier
1781 eut lieu à Plusquellec la bénédiction de la grande cloche de Notre Dame
de Grâces qui fut appelée "Reine", du prénom de la marraine. Toute
la noblesse locale se retrouva ainsi réunit à l'église où l'abbé du
Garspern, recteur de Plougonver célébra la grande messe. La marraine était,
Demoiselle Marie Josèphe Reine de Cleuz, fille de Haut et Puissant Messire
Jacques Claude du Cleuz, marquis du Gage et de Dame Jacquette de Roquefeuille,
marquise du Gage. Le parrain était Très Haut et Puissant Messire François
Hyacinthe du Parc, seigneur de Respez et capitaine commandant la compagnie de
grenadiers du régiment Colonel Général de l'Infanterie Française et étrangère.
Les signataires de l'acte furent : le célébrant,
recteur de Plougonver, la marraine, Marie Joseph Reine du Cleuz qui épousera en
1785 Jacques Louis de Kerouartz de Guingamp, d'où l'origine de l'importance des
possessions des Kerouartz à Plusquellec, Louise Marie Joseph de Kermorial du
Parc, Marie Jeanne du Parc de Tronjoly et Du Garspern de Rosnéven,
Rocquefeuille Montpervez, Floyd de Rosneven, Hyacinthe de Brossard, Jacques
Claude du Cleuz du Gage, Pierre de Keranflec'h, Du Garspern, recteur de
Plougonver, et Guillaume Armand Floyd, recteur de Plusquellec et vicaire
général de Quimper.
En 1792,
l'argenterie que possédait l’église fut transformée en argent et les
papiers et titres appartenant à l'église furent mis sous séquestre, à
l'effet de faire régir par la municipalité ces propriétés paroissiales
devenues nationales. Le curé de l'époque signa sur les registres municipaux
comme officier public pour enregistrer les actes de mariage, naissance et décès.
Le conseil municipal délibéra sur la manière de solenniser l'acceptation de
l'acte constitutionnel. Il fut arrêté à l'unanimité que le citoyen curé
serait requis pour célébrer une messe à laquelle seraient invités
tous les habitants de la commune afin de prêter serment de maintenir la
République une et indivisible.
Le 8 septembre 1793, le conseil arrêta qu'en vertu de la loi du 23
juillet 1793, deux cloches sur les 3 existantes dans le clocher de l'église
seraient descendues. Ces cloches furent expédiées à Rostrenen dans le but
d’être fondues pour en faire des canons destinés à la défense du
territoire de la République. Un premier envoi de 7 cloches, effectué par les
dirigeants du district de Rostrenen, dont Pierre Joseph Fercoq de Botmel, pris
la direction du Port Brieuc(Le Légué) à destination de l'Hôtel de la Monnaie
de Rouen. Dans un deuxième envoi, le 2 février 1796, vers l'Hôtel de la
Monnaie de Paris, le bordereau d'expédition faisait apparaître l'expédition
de 146 cloches. En l'église étaient lues les lois et la cloche
ne servait que pour ce qui concernait l'intérêt public.
L'église fut réouverte au culte
catholique en avril
1795 et le
premier curé nommé fut Jacques Joseph Gicquel avec lequel la
municipalité se trouva
rapidement en discordance, et en particulier avec Claude Le Diholen, le
maire. Ce qui fit intervenir à plusieurs reprises l'évêque
de Saint-Brieuc, Mgr Jean Baptiste
Caffarelli et le préfet des Côtes-du-Nord Jean Pierre Boullé.
Jean
Baptiste Marie CAFFARELLI
J.Lohou
Sources
: AD22- V 2674-2675.
Notes. Paul Guézennec, "citoyen d'honneur de Plusquellec",dans sa description détaillée de l'église de Plusquellec, nous fait savoir que la grande cloche porte l'inscription suivante : " L'an 1780, j'ay été bénite par Messire Guillaume R.(ené) A.(rmand) Floyd, vicaire général du diocèse de Quimper et Rr(recteur) de Plusquellec : François Guillerme, fabrique. " Le Guillaume ma faict".
Le
document cité ci-dessus servira à la mise à jour du premier dossier
"Église", mise à jour en préparation à ce jour 18 juillet 2004.
Pour tout renseignement complémentaire concernant l'église Notre-Dame de
Grâces de Plusquellec, prière de me contacter J.Lohou à Plérin, 24 avenue
des Rosaires. Mail to : lohou.joseph@neuf.fr
Notes sur la loi du 23 juillet 1793 concernant l'enlèvement des cloches.
Les dirigeants du district de Rostrenen étaient fermement décidés à appliquer la loi et un certain François Marbaud, agent national auprès du district parcourait bourgs et villes de son secteur pour faire pression sur les conseils municipaux. A Callac, il rédige de sa propre main sur le cahier de la municipalité le texte suivant :
" Au nom de la République, je requiers la Municipalité de Callac de mettre à exécution le décret du 23 juillet 1793 (vieux stile) qui porte qu'il ne sera laissé qu'une cloche dans chaque paroisse, que les autres seront descendues pour être fondues en canon ; de plus qu'il ne soit laissé en aucun endroit des armes qui puissent encore rappeler le souvenir de l'orgueil des despotes.
A Callac le 16 nivôse de l'An 2 de la République, Une et Indivisible."