Joseph
naît au manoir de Kerthomas le 7 février
1724, il est le fils de Jean et de Marie Le Faucheur, une famille influente de Plusquellec qui donna trois frères
prêtres, François (°1720-+1780), Sébastien(°1721-+1779) et enfin Joseph, déjà
cité.
De
1750 à 1792, il est prêtre à Plusquellec sous les deux derniers recteurs nobles de cette paroisse, Heussaf d'Oixant,
d'une vieille famille finistérienne et Guillaume René Armand Floyd[1].
Les vicaires à cette époque étaient nommés par le recteur dont ils dépendaient
directement pour le temporel comme pour le spirituel. Le traitement annuel, à
peine supérieur à celui d'un manœuvrier, était laissé à l'appréciation du
recteur, heureusement pour les Abgrall que le manoir de Kerthomas, tenu par leur
famille , n'était pas très éloigné du bourg, permettant aux trois frères d'échapper
ainsi à la portion congrue[2]
que leur laissait leur recteur.
En
1790, Joseph, le dernier des Abgrall prêtres, son frère Sébastien étant décédé
en 1779 et François en 1780, reste fidèle à son recteur, Guillaume René
Armand Floyd et se retire de son ministère après juin 1791 car seuls les prêtres
constitutionnels, dont la loi avait prévu l'élection, furent reconnus par le
pouvoir civil, et installés dans leurs nouvelles paroisses. Il vécut aussi
la pression de la municipalité conduite par Jean Louis Le Morellec et
surtout de Claude Le Diholen, très ardent défenseur des idées nouvelles. Il
prit congé de Plusquellec pour une destination inconnue, et se trouva ainsi désigné
comme émigré par les autorités du lieu.
Le 2 novembre 1789, les députés français ont voté la nationalisation des
biens de l'Église. Ils ont par ailleurs dissous les ordres religieux
contemplatifs le 13 février 1790, tout en ménageant les religieux qui
s'occupent d'enseignement ou d'œuvres caritatives. Ces réformes ont été décidées
sans en référer au pape. Dans la foulée, les députés veulent mettre l'Église
de France en harmonie avec les nouvelles institutions nationales. Pétris de
bonnes intentions, ils veulent en particulier assurer aux curés et aux évêques
un revenu régulier en compensation des biens dont ils ont été privés. C'est
ainsi qu'un «comité ecclésiastique» rédige la Constitution civile
du Clergé et la soumet à l'Assemblée. Le document abroge le concordat
conclu en 1516 entre le roi François 1er et les représentants du pape sans en
référer à ce dernier.
" Plusquellec le 17 Ventôse de l'An II.
Votre très reconnaissant serviteur
Gicquel, prêtre desservant la commune de
Signé : Gicquel
Ce prêtre va provoquer et soulever bien des problèmes aux autorités civiles et religieuses avant son départ et son remplacement en 1804 par son collègue de Callac, René Marie Guillou, dit de Penpoullou. En effet, sous le Consulat, les maires des communes étaient fortement sollicités par les autorités préfectorales afin de respecter et encourager la conscription, loi qui avait été votée en septembre 1798. Cette loi permettait, par le tirage au sort, d’enrôler les jeunes hommes au sein de l’armée nationale. Entre 1800 et 1815, près de 200 000 jeunes gens, à peine âgés de 20 ans, sont levés dans les communes du département des Côtes du Nord pour rejoindre les différents fronts ouverts par l’Empereur Napoléon Bonaparte.
Cette
conscription n’avait pas les faveurs de la jeunesse qui cherchait par tous les
moyens à échapper à cet enrôlement. Les autorités civiles n’avait qu’un
seul moyen pour rencontrer les jeunes gens, c’était la messe du dimanche
matin qui rassemblait la majorité de la population de la commune. Le maire,
Vincent Le Morellec, voulut prendre la parole à l’intérieur de l’église
un dimanche matin, mais le desservant Jacques Joseph Gicquel s’y opposa
fermement. Ce fut le début d’un chassé croisé de correspondances entre les
autorités civiles et religieuses,
allant jusqu’à mettre en jeu le Ministre des Cultes à Paris, le juriconsulte
Jean Portalis. Ce fut aussi l’occasion pour l’Évêque de Saint Brieuc, Jean
Baptiste Caffareli, un protégé de l’Empereur, de s’opposer à fleuret
moucheté avec le Préfet du département des Côtes du Nord, Jean Pierre Boullé.
Liens :
Lettre du
Ministre des Cultes au Préfet des Côtes du Nord ;
Lettre de l’Évêque de Saint Brieuc au Préfet
des Côtes du Nord.
Traitement annuel du desservant voté par le conseil municipal en 1803
Le
différent fut réglé par le changement du desservant au début de 1804 et le départ
de Jacques Joseph Gicquel de Plusquellec pour la cure de Laniscat où il
décède en 1809. Mais l’opposition entre autorité
civile et religieuse se poursuivit tout au long du 19e siècle comme
nous le verrons dans l’affaire de la croix de Locménal en 1834, entre le
maire Philippe Marie Fercoq et le recteur Guillaume Le Rudulier.
Claude Louis Le Noan, un as de l'évasion
Claude Louis, naît au bourg de Plusquellec le 11 avril 1761, il est le fils du notaire Joseph Vincent et de Marie Le Guilloux. Consacré prêtre en 1785 à l'âge de 24 ans, l'évêque le nomme dans sa paroisse de naissance, Plusquellec.
Trois ans plus tard, une promotion pour un prêtre aussi jeune, il prend la cure de la trêve de Calanhel où le surprennent les évènements de la Constitution Civile du clergé, constitution qu'il rejette et se retrouve insermenté ; obligé de quitter Calanhel, il se cache mais il est vite reprit et emmené de force avec ses collègues à la prison de St Brieuc, puis déporté à Rochefort. en 1794. Il s'en évade et réapparaît dans la région en avril 1795 ; le sort s'acharne sur lui car il est de nouveau arrêté et conduit pour la deuxième fois à la prison de Saint Brieuc en janvier 1796. Six mois plus tard, l'étau se desserre et le voilà libre en janvier 1797 à Plusquellec. Mais la municipalité de Callac, sous la présidence d'Yves Le Gars, avec comme adjoints Claude Quénec'hdu et Claude Le Dihollen, tous deux Plusquellecois, le convoquent à la maison commune le 13 février 1799 et le font signer la déclaration suivante : " Le citoyen Claude Le Noan est autorisé à demeurer à Plusquellec à condition qu'il n'exerce aucune fonction ecclésiale, ni de troubler l'ordre public et de rester sous l'inspection et la surveillance de l'administration.
C: Lenoan, prêtre"
Claude Louis ne tint aucun compte de cette recommandation et fut de nouveau arrêté et conduit à la prison de Saint Brieuc où pour la dernière fois il prit la poudre d'escampette. Mais toutes ces années de cavale et de prison l'avait épuisé et il mourut prématurément le 4 avril 1801au bourg de Plusquellec, il avait à peine 40 ans.
Listes
des prêtres de Plusquellec de 1792 à nos jours.
Date |
NOMS |
Prénoms |
Titre |
Notes |
1794-1804 |
GICQUEL |
Jacques
Joseph |
Curé |
Prêtre
de Botmel/1792 |
1804-1826 |
GUILLOU |
René
Marie |
Curé |
(°
Botmel1752) |
1827-1860 |
RUDULIER(LE) |
Guillaume |
Curé |
(°1784 St Connan) |
1861-1872 |
CLERICE |
Yves
Marie |
Curé |
(°
1828?) |
1872-1876 |
CAM(LE) |
Jean
Marie |
Curé |
(°
1830 Callac) |
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1911- ? |
CHAUX(LE) |
Henry |
Curé |
(°1859
Ste Tréphine) |
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Les prêtres ou vicaires( à compléter)
Date |
Noms |
Prénoms |
Titre |
Notes |
1853-1856 |
RUDULIER(LE) |
Guillaume |
vicaire |
(°1817) |
1838-1841 |
BRIZAULT(LE) |
Vincent |
vicaire |
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1834 |
MAGUER(LE) |
? |
Vicaire |
|
1847 |
OLLIVIER |
Joseph
Marie |
vicaire |
|
1866 |
SALOU |
Yves
Marie |
vicaire |
(°1839) |
1872 |
QUERREC |
François
Marie |
Vicaire |
(°1845
Servel) |
1876 |
GRAET(LE) |
Jean
Marie |
Vicaire |
(°1854
Pestivien) |
1891 |
MAZEVET(LE) |
Jean
Pierre |
Vicaire |
|
? |
GUILLERMIC |
Placide
Claude |
?
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1926 | FELL(LE) | Pierre | Vicaire | (°1890 Maël-Carhaix |
Sources :
AD22
Série V
J.Lohou(août 2004)
[1] LOHOU, Joseph-Guillaume René Armand Floyd, dernier recteur noble - Pays d'Argoat n°35-2/2001.
[2] En particulier. (sous l'Ancien Régime). Portion congrue- Pension annuelle modeste, calculée au plus juste, payée par le titulaire d'un bénéfice au prêtre qui remplissait sa charge.
[3] LOHOU,Joseph- Pierre Joseph Marie Fercoq- Cahiers du Poher n°6, p43 à 46.